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Cette rencontre de hasard a eu lieu durant l’hiver 1940, lorsque Charles MOULY, à 21 ans, entra dans l’équipe du Théâtre d’Oc de Juliette DISSEL. C’est là qu’il rencontra DOMINIQUE, lui-même alors âgé de 37 ans. Il y rencontra aussi FRANCOU qui chantait « Le Poutou » et d’autres romances toulousaines avec une jolie voix de ténor léger et qui jouait habilement la comédie. Ainsi que Marguerite JOLIBERT qui les accompagnait au piano. Ainsi se forma un groupe d’amis inséparables qui devait être, quatre ans plus tard, le noyau de l’émission des « Pescofis ».
« C’est au Théâtre d’Oc, a raconté Charles MOULY, que je vis pour la première fois DOMINIQUE jouer en travesti une belle-mère acariâtre dans « Lous Bécudels ». Et que je le vis aussi dire « La Peysounièro », de l’Anric del Busca qui lui valait un inépuisable succès. Je revois encore le geste prompt qu’il avait pour prendre le « moucadou de cap » et le nouer sous le menton. Aussitôt, les poings sur les hanches, « rufissio le nas, aloungabo les pots » -comme il disait lui-même- et la « peysounièro » était devant vous. Cette « peysounièro », bien qu’elle s’appelât Bertrandil, c’était déjà Catinou.
Enfin, les circonstances décisives se présentèrent en septembre 1944. Charles MOULY étant responsable des programmes de Radio-Toulouse, un de ses premiers soucis fut d’y insérer une émission en langue d’oc pour laquelle il fit appel à ses amis.
DOMINIQUE était tout désigné pour en être la vedette.
Ainsi naquit l’émission des « Pescofis ». Il s’agissait d’une émission de variétés où alternaient chansons, histoires, courts poèmes, reliés par un texte dialogué. C’était l’époque où les émissions étaient faites « en direct ». Dans le sillage de DOMINIQUE, l’équipe –qui, en plus de FRANCOU, comptait alors Claude MARSAN, PIERJANE, l’accordéoniste Maurice SAINT-PAUL et bien d’autres collaborateurs épisodiques – faisait feu des quatre fers.
Habitués à travailler ensemble sur la scène, chacun sachant parfaitement ce qu’il pouvait attendre de l’autre, bien soudés autour du micro, les « Pescofis » s’amusaient de surcroît comme des gamins. Cette dynamique gaieté, ce brio, cette verve « passaient » admirablement. L’émission connut un succès immédiat et eut un impact considérable sur le public.
La nécessité d’alimenter cette émission chaque semaine en textes nouveaux posa très vite des problèmes. Quand DOMINIQUE eut épuisé son propre répertoire, il fallut bien trouver autre chose. Après avoir puisé dans le répertoire de Frédéric CAYROU et autres auteurs régionaux, on fit appel aux auditeurs pour qu’ils envoient des textes. C’est ainsi qu’un certain Albert DURIEUX envoya quelques feuillets, « Scènes de la vie toulousaine », écrites en Français. Qu’à cela ne tienne, il suffisait d’adapter et de traduire ! Catinou y était marchande de légumes à Arnaud Bernard. Puis DURIEUX disparut dans la nature. Il s’avèrera plus tard que ce monsieur avait tout simplement recopié les textes d’un livre écrit par un certain Ernest ANSALDO qui s’était expatrié sans laisser d’adresse à Madagascar ! Mais le nom de Catinou était là, le succès s’amplifiait ! Charles MOULY se mit à écrire ses propres sketches car il n’était pas question d’arrêter l’émission qui ne pouvait plus dépendre d’aléatoires apports extérieurs.
C’est ainsi que Catinou prit vie, d’emblée adoptée par le public et appelée à connaître une exceptionnelle popularité grâce au talent de DOMINIQUE.
De son côté, le personnage de Jacouti ne devait apparaître qu’en 1946 dans les histoires publiées à cette époque par le quotidien « La République », Charles MOULY décidant de doter Catinou d’un époux dont la silhouette étriquée faisait un juste pendant à ses rondeurs et dont le nom allait devenir inséparable du sien.
Deux détails amusants à propos de Jacouti : d’une part, le nom et l’idée du personnage furent incidemment fournis à Charles MOULY par son compatriote rouergat et ami de collège, Robert FABRE (qui n’était pas encore député, maire de Villefranche de Rouergue) au cours d’une conversation où il vint à évoquer un très pittoresque personnage du pays. D’autre part, quand, deux ans plus tard, il fallut faire vivre à la radio ce personnage né dans le journal, FRANCOU lui prêtant sa voix, il n’y eut aucun problème. Mais ce fut une autre affaire lorsque, Catinou et Jacouti montant sur scène, il fallut trouver un interprète dont la silhouette et l’aspect physique correspondent au personnage que Charles MOULY avait dessiné.
LABAT, LICHARDOS, Claude MARCAN, LEZEL furent successivement amenés à assurer le rôle de Jacouti et furent ainsi, avec talent, partenaires de DOMINIQUE-Catinou, partageant son succès.
Quant au nom du village de Minjecèbes adopté pour le pittoresque de sa consonance, il fut sans nul doute dicté par la réminiscence d’un nom lu sur un panneau indicateur lorsque avec le Théâtre d’Oc Charles MOULY avait pris le petit train « sauto-sègos » qui reliait Toulouse à Rebirechioulet et passait près de ce hameau de Saint-Lys…